L’information par les réseaux sociaux est l’un des aspects les plus révolutionnaires de notre temps mais comme bien des révolutions, elle gagne à être quelque peu recadrée. Au temps des fake news, il est important de savoir séparer le grain de l’ivraie. Le Net regorge d’articles et de blogs sponsorisés, citant pour faits des opinions récupérés sur d’autres blogs parfois rédigés par des personnes n’ayant à peine foulé le sol Mauricien ou du moins qui n’auraient pas fait l’effort de visiter les régions qu’ils commentent pourtant.
Étant originaire de l’Ile Maurice, observant depuis des décennies le passage allant crescendo de visiteurs, qu’ils soient touristes, retraités expatriés ou investisseurs de la dernière heure, je suis fasciné de constater à quel point ils connaissent notre île mieux que nous, “les locaux”. Ils n’ont besoin que d’une semaine sur place pour être capables de répondre, avec assurance, aux questions les plus communément posées.
- La côte est de l’Ile Maurice est-elle venteuse?
- Quand est la saison venteuse à Maurice?
- Quand partir à Maurice; quelle est la meilleure saison?
- Quel est le meilleur endroit pour séjourner à l’Ile Maurice?
- Quelle est la plus belle plage de l’Ile Maurice?
De poser ce type de questions est la norme du jour. Ceux qui débarquent des avions ne sont plus ces voyageurs trépidants dans l’attente de découvertes mais des vacanciers voulant tout savoir avant de casser leur tirelire. Il est pourtant un fait connu que la meilleure façon de prévenir des réponses idiotes est d’éviter les questions stupides… N’ayant cependant pas la prétention de changer la nature humaine, je fournis ici, autant que possible, des éléments de réponse plutôt que des réponses arbitraires.
Je l’admets, la raison principale de ce blog est que la plupart de nos villas et locations de vacances sont situées sur la côte est et c’est un choix délibéré que ceux qui connaissent les différentes côtes comprennent et approuvent. En parcourant le web, on recueille deux informations récurrentes :
– la côte est possède les plus belles plages (et lagunes),
– la côte est venteuse.
Deux affirmations qui méritent d’être creusées car elles restent sujettes à perception.
L’Ile Maurice compte de belles et de moins belles plages tout le long de son littoral (à l’exception de parties des côtes sud et ouest où il n’y en a pas). Celles de la côte est sont en effet plus proches des cartes postales car l’eau y est en général plus claire. De plus, cette côte comptant moins de ruisseaux, rivières et de sources sous-marines, la faune y est plus saine.
Cette côte est considérée comme authentique, ce qui est vrai pour certaines régions. Elle est moins construite, permettant de meilleurs accès aux plages. Comparativement aux autres régions, la mer est bien plus visible de la route côtière. Plus d’accès c’est plus de photos, plus de selfies et plus de… clichés.
Si l’on s’en tient aux statistiques, elle l’est moins que la côte nord par exemple. Les bases de la géographie physique nous apprennent que le relief influence la vélocité des vents; qu’une pente douce a un effet accélérateur. Les vents généraux – les alizées du sud-est – touchent donc la côte est à leur vélocité initiale; ils se renforcent au-dessus des terres ce qui fait qu’ils sont plus forts à leur sortie sur la côte nord. Nous les percevons néanmoins plus forts lorsque de face et c’est un fait que les plages sous le vent sont abritées par les arbres et les bâtiments. Ce qui est moins reconnu c’est qu’il y a des plages abritées sur la côte est aussi.
De dire que la côte est est venteuse impliquerait que la cette côte est une ligne droite et que le vent soufflerait constamment du sud-est toute l’année. Les deux sont des sophismes. La côte est une succession de baies et de criques sinueuses orientées dans différentes directions du sud au nord-nord-est. Beaucoup de nos villas sont orientées au nord-est, offrant des plages bien abritées et des vérandas, tout comme celles de la côte nord.
Ci-dessous, des graphiques à partir de données “officielles” du service national de météorologie. Elles sont prises de stations aux quatre régions cardinales de l’île mais à l’intérieur des terres, ce qui fait qu’elles ne reflètent pas le climat ressenti sur le littoral. Nous les publions parce que les autres sites qui le font sont tenus pour messie, malgré le fait que certaines de leurs données soient erronées
L’information qu’ils nous apportent est d’abord des données générales à propos de la pluviosité, des températures et du vent dans les différentes régions de l’île et au fil des saisons. Plus important, ils démontrent qu’il n’y a pas de “côte est épouvantable” ou de “côte ouest glorieuse”. Le graphique concernant la pluie montre une pluviosité plutôt élevée pour la côte, la jauge étant placée à Fuel, région élevée, à plus de 15 kilomètres des plages. La côte est est cependant plus sèche et plus ensoleillée; les nuages se formant seulement au-dessus des terres, lors que l’air humide de la mer prend de l’altitude par effet du relief.
VENT – VÉLOCITÉ MOYENNE DU VENT EN KM/H
PLUVIOSITÉ – NOMBRE DE JOURS OU UNE PLUVIOMÉTRIE DU PLUS DE 52MM / 24HRS EST ENREGISTRÉE
TEMPÉRATURE – MOYENNES MINIMALES ET MAXIMALES DES TEMPÉRATURES
La saison des vents est l’hiver et le pic de juin à août. Pendant cette période, il varie entre 30 et 40 Km/h pendant 1/3 du temps, 20 à 30 km/h environ 1/2 du temps et chute le reste du temps*.
Pendant les mois de septembre à novembre, la vélocité est plus proche de 20 à 25 km/h pendant 2/3 du temps et autour de 15 Km/h pendant le tiers restant.* Pendant le reste de l’année, sous le soleil brûlant de l’été de décembre à mai, la brise légère est une brise apaisante et rafraîchissante.
* Source: Windguru.cz archives
Notez qu’il y a aussi du vent à l’approche d’un cyclone tropical – la saison s’étend de fin décembre à avril – mais en raison de leur imprévisibilité, ils ne peuvent pas faire partie de l’équation.
Mon avis sur les lieux et les saisons : à moins que vous ne souhaitiez être étourdi par la combinaison de chaleur, d’humidité et de soleil, la côte est de l’île Maurice est certainement une meilleure destination pour la longue saison estivale (d’octobre à avril) et n’est pas non plus comme la Manche les autres mois, comme on peut le voir sur les photos de cette page, qui ont toutes été prises pendant l’hiver à dessein. Les informations recueillies sur le net sont arbitraires et très exagérées, souvent de la part d’influenceurs qui font la promotion des hôtels de la côte ouest.
La photo ci-dessous est une illustration de ce peut être Belle Mare un matin d’hiver. Prêts pour un plongeon ?
Comme pour toutes les parties du monde, les demi-saisons sont des valeurs sûres. Les mois d’octobre/novembre et de mars sont les plus secs et pas trop chauds, limitant les risques d’intempéries. Cependant, comme toutes les îles de la planète, Maurice subit le changement climatique. En ajoutant à ce cocktail ses 27 micro-climats, il est honnêtement impossible d’être plus précis.
Pour plus d’information à propos du climat et des saisons, veuillez consulter notre blog avec les informations pratiques à propos de l’Ile Maurice.
Parmi les questions aux réponses improbables, le podium revient à…
Les régions de la côte est
La côte est a conservé un peu d’authenticité et de l’identité mauricienne; non-seulement au niveau de ses paysages mais aussi de l’atmosphère et de la gentillesse des gens. L’impression que gardera un visiteur ayant séjourné à l’est sera proche de celle qui a fait de Maurice cette destination rêvée durant plusieurs décennies. Encore une fois, toutes les régions de la côte est ne sont pas les mêmes; voici donc un bref descriptif des plus importantes régions.
ROCHES NOIRES & POSTE LAFAYETTE
Celle de Roches Noires et Poste Lafayette est notre préférée parce qu’elle est tranquille et paisible. Elle est l’une des rares routes côtières qui ne soit pas bordée de commerces et d’habitations; seulement des villas d’un côté de la route, dont la plupart ne sont pas habitées en permanence et/ou proposées en locations vacances. La région ne compte que trois hôtels de petite taille, deux restaurants et deux épiceries, ce qui permet à l’environnement d’être plutôt préservé. Les plages sont souvent de petites criques abritées, bien tenues grâce aux propriétaires de villas et utilisées presque exclusivement par eux. Pas de démarcheurs, de vendeurs de pacotilles, de campeurs ni de voyeurs, seulement quelques rares pêcheurs. Un autre aspect non-négligeable est que la route est peu passante, du moins six jours sur sept, permettant des marches/joggings/balades à vélo paisibles tout au long de la côte avec la possibilité de combiner avec les sentiers ombragés du parc national de Bras d’Eau, d’où il est possible d’observer quelques singes, des chauves-souris endémiques et surtout de rencontrer le Coq des bois, espèce endémique menacée d’oiseau de petite taille.
Outre le VTT et la marche, la région de Roches Noires/Poste Lafayette est excellente pour la pratique du kayak ainsi que du kitesurf. du kitesurf à l’Ile Maurice).Roches Noires est orienté nord-est tandis que Poste Lafayette est orienté est à sud-est.
BELLE MARE
Similaire à Roches Noires et Poste Lafayette sauf que toutes les villas qui s’y trouvent sont orientées nord à nord-est, donc abritées toute l’année, et aussi que la région compte bien plus de plages publiques non-construites. Très populaires les samedi après-midi et dimanches, celles-ci restent très peu fréquentées les jours de semaine, offrant de belles esplanades avec des vues splendides sur des lagons d’eau claire comme décrits plus haut. Belle Mare compte aussi une lagune au paysage très différent consistant de criques rocheuses et de mangroves; le paradis du kayak. Il y aussi un petit village à l’arrière de la plage publique qui contribue au cachet authentique.
TROU-D’EAU-DOUCE
Trou-d’Eau-Douce est différent du reste. Il y a quatre décennies il n’était qu’un village de pêcheurs retiré. Les habitants avaient pour seuls contacts les propriétaires de bungalows qui y passaient leurs week-ends et vacances scolaires.
Puis apparurent les hôtels. On y compte aujourd’hui quatre dans le village mais bien plus le long de la côte voisine. L’Ile-aux-Cerfs, jadis un îlot paradisiaque, fut transformé en une attraction touristique et Trou-d’Eau-Douce étant le point d’embarquement le plus proche a vu passé des flots de touristes ; une manne tombée du ciel. Les plus jeunes se lancèrent dans divers activités touristiques, surtout dans le nautisme. Les plus courageux investirent dans des vedettes rapides et des navettes. Et le village s’anima dans son écrin d’authenticité.
Une autre succession de bungalows, de villas et d’appartements, , quelques petits hôtels et guest-houses, deux restaurants. Pour ceux qui y ont grandi, c’est sans doute la plus belle plage de l’île Maurice ; ce qui est peut-être vrai pour une partie au moins. En tant qu’ensemble, Pointe d’Esny est définitivement une carte postale vivante. Une plage d’un blanc éclatant, un panorama magnifique avec des îlots éparpillés dans un lagon turquoise et des montagnes encadrant l’ensemble du paysage. C’est le plus grand et le plus long lagon de l’île Maurice, totalisant 25 kilomètres de La Cambuse à Trou-d’Eau-Douce, offrant une palette d’activités maritimes allant de la plongée avec masque et tuba dans la réserve marine de Blue-Bay à la visite des sites historiques sur les îlots ou l’Île-aux-Aigrettes, la réserve naturelle la plus précieuse de l’île Maurice, gérée par la Mauritian Wildlife Foundation. La Pointe d’Esny est réputée pour ses excellentes conditions de kitesurf et de windsurf, plus précisément pour le foil. L’ascension de la montagne du Lion, située à proximité, est une autre activité incontournable pour les plus sportifs. Côté terre, la proximité de Mahébourg, un village historique, est un autre point fort.
MAHEBOURG
Un village plein de charmes sur la côte sud-est, voisine de la plage de Pointe-d’Esny, donc dans la région de l’aéroport. Il s’agit d’un village à la fois cosmopolite car on y retrouve toutes les ethnies qui composent la société Mauricienne et à la fois d’identité 100 % Mauricienne car elle rassemble tous les aspects typiques, tous les clins d’oeils de notre quotidien, sans doute en raison de son histoire.
En effet, il fut reconstruit à partir d’un hameau durant les premières années du 20ème siècle suivant les règles de l’urbanisation « moderne » avec des rues bien au carré qui portent toujours des nom bien Français tels que la Rue de Suffren ou Rue de la colonie. Il s’agit du dernier village bâti avant l’arrivée des Anglais.
C’est d’ailleurs de son front de mer que les habitants ont assisté, ébahis durant 3 jours durant, à la célèbre Bataille du Vieux Grand Port en 1810. (Voir notre blog « La brève Histoire de l’Ile Maurice)
On trouve encore quelques maisons Créoles typiques, le musée naval et d’histoire de l’île, un marché en son centre. Une foire hebdomadaire (les lundis) attire une foule de touristes et locaux. Le dimanche, des marchands de « Merveilles » s’installent devant le front de mer. On ne trouve d’ailleurs ces spécialités qu’à Mahebourg ; galettes fines salées, frites garnies d’une sorte de salsa de pomme d’amour en sauce.
Autre spécialité du coin, la dégustation de biscuits de Manioc, frais, accompagné d’un thé, à l’usine où elle a été mise au point en 1870, dans son état original et artisanal.
Outre la région, le type d’hébergement est aussi déterminant.
Les maisons d’hôtes sont généralement les structures qui allient fort bien les bons côtés de l’hôtel et des locations. Il s’agit de structures chaleureuses apportant l’attention particulière tout en dispensant leurs hôtes de toutes tâches organisationnelles. La question des repas ne se pose plus mais la convivialité forcée des repas à heure fixe n’est pas du goût de tous. À Maurice, les maisons d’hôtes sur plage sont rares, sans doute en raison du coût élevé du foncier.
Les hôtels sont souvent des solutions moins coûteuses pour les couples et les familles qui peuvent se limiter à une chambre. Ils seraient aussi l’idéal de ceux qui ne recherchent qu’une destination ensoleillée, peu importe laquelle ou presque, pour s’allonger sur un transat de plastique, les yeux rivés sur un écran en attendant l’heure de l’apéro et des repas. Les buffets servis dans de grandes salles bruyantes à l’aspect industriel sont généralement à la limite de l’acceptable.
Les locations et villas privées en revanche sont imprégnées de l’identité locale, et la gentillesse naturelle du Mauricien transmise par le personnel. On pourrait presque se contenter du séjour à la villa pour découvrir le pays. Mis à part les quelques hôtels grand-luxe ou les villas d’hôtels, pour ceux qui recherchent de l’espace, de l’intimité et de l’amabilité spontanée, la location de villas privées avec service cuisine ou traiteur est la solution à privilégier.