Si, comme beaucoup, l’image que vous avez de l’île Maurice est celle d’une grande plage et d’un lagon bleu, ne manquez pas de visiter la côte sud avant de partir.
On dit que l’île Maurice est une représentation du monde réunie sur une seule île ; un fait qui est évoqué lorsqu’on parle de sa population multiethnique, originaire d’Asie, d’Europe et d’Afrique. Le même constat peut être fait pour le paysage. Nous constatons donc sur le côte est l’illustration parfaite de l’île tropicale aux sables coralliens, tandis que les criques de mangrove du nord-est et du sud-est rappellent les paysages côtiers africains ou asiatiques, tandis que la côte ouest, à l’extérieur du village de Black River – aujourd’hui recouvert de béton – évoque la savane africaine.
Quant aux falaises basaltiques de la côte sud, elles évoquent celles de Cornouailles, voire de Bretagne, pays d’origine des premiers colons durables ou permanents. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles, en se promenant le long de ces falaises, on ne peut s’empêcher de regarder l’infini bleu, à la recherche inconsciente de lointains improbables et d’époques lointaines. On y respire le passé, ou plutôt l’air d’un temps emprunté, qui deviendra, je l’espère, un jour.
Néanmoins, le paysage dans son ensemble est varié et chaque section, du sud-est au sud-ouest, mérite une mention spéciale.
Le caractère ancien de la côte sud est perceptible dès la première plage, près de la rive ouest du parc marin de Blue Bay. Le nom « La Cambuse » donne le ton ; il s’agit d’un terme marin désignant les réserves de nourriture et de vin à bord des vieux navires.
Une plage au caractère sauvage, où la mer est parfois déchaînée, tout en offrant une belle baignade dans une eau limpide. Une courte promenade vous mènera à une autre crique avant d’arriver à la plage du Bouchon, un autre endroit pittoresque très apprécié des habitants, mais peu fréquenté en dehors des week-ends.
Cette petite randonnée serait incomplète sans la découverte du paysage surprenant du côté ouest du talus.
L’accès à cette partie n’est pas évident, à marée basse il est possible de traverser le bras de mer d’un point précis à un autre. A marée haute, on pourrait presque se baigner, d’où la recommandation de partir léger pour cette balade, ou alors avec un sac étanche. Un autre passage – plus long – le long du mur de la propriété est possible. Ce passage moins connu permet néanmoins de découvrir un paysage insolite de mangroves, de chemins herbeux et de petits canaux d’eau de mer claire, invitant à la baignade. On peut ensuite emprunter le sentier qui longe la mer et les côtes rocheuses qui s’élèvent progressivement en falaises et d’où s’ouvrent de magnifiques vues sur la haute mer.
Après 5 km, le « Pont Naturel » et 2 km plus loin, le site du « Souffleur ». Le dernier demi-kilomètre est très gratifiant lorsque la plage de Savinia et sa piscine naturelle se dévoilent.
Les falaises qui s’étendent sur une dizaine de kilomètres supplémentaires constituent un bel itinéraire de randonnée. L’idéal est de se faire déposer à l’un des cinq points d’accès publics et de se faire récupérer à un autre. On peut alors choisir la section avec la distance souhaitée.
Les vététistes apprécient également cet itinéraire. Des circuits classiques en VTT peuvent être organisés par
Yemaya
ou sur des vélos électriques avec
DunienZîl
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À l’extrémité ouest des falaises se trouve la magnifique plage de Gris-Gris, qui a inspiré de nombreux poètes. Placé en dessous, il évoque un dormeur amoureux des rêves intemporels. Autour, le village de Souillac, nommé d’après le gouverneur François de Souillac, dernier descendant des « Sires de Souillac » – un village du Lot en France. Un gouverneur de l’ancienne Ile de France, de triste mémoire, puisqu’il fut à l’origine de la ségrégation raciale entre Blancs et Noirs. Ce droit local a été maintenu par son successeur.
Nous lui devons néanmoins quelques belles réalisations, notamment le port-relais à l’embouchure de la Savanne, choisie pour être la rare crique de cette côte, et dépourvue de récif corallien. Les premières infrastructures ont été installées au lieu-dit « Le Batelage », que l’on peut visiter, un restaurant ayant aménagé l’ancien silo. Ce micro-port a été très utile jusqu’au premier tiers du 20ème siècle pour le transport du sucre produit dans la région sud vers le port d’exportation de Port Louis. La côte sud, trop éloignée, était très mal desservie par les routes cahoteuses de l’époque et n’a été desservie que très tardivement par le réseau ferroviaire. C’est cet isolement passé qui lui confère aujourd’hui son aspect authentique et intemporel. Un autre bateau d’embarquement est situé à Bel Ombre, plus à l’ouest.
À Souillac, le musée Robert Edward Hart, appelé « La Nef », mérite également d’être visité, surtout par les francophones. Il s’agit d’une cabane construite en corail, qui était la résidence du poète susmentionné. C’est ici que le sentiment d’un temps suspendu se fait le plus sentir, où l’étendue de mer qui s’ouvre à ses pieds vers l’infini sud ravive la mémoire ancestrale des Mauriciens, tous venus de loin, de gré ou de force.
Pour y accéder, on emprunte la petite route côtière en passant par le jardin Telfair qui descend en pente douce vers la mer, l’ancienne gare ferroviaire aujourd’hui dotée d’un toit en tôle inattendu et le défunt tribunal de grande instance de Souillac… D’une très belle architecture coloniale, il était l’un des fleurons de notre patrimoine anglais, très riche en bâtiments du même type. Mais les autorités modernes, dans leur obsession de faire disparaître des mémoires tout un pan de notre histoire, l’ont laissé pourrir pour justifier sa démolition. Malheureusement, elle n’est qu’une des nombreuses « victimes » du néocolonialisme au XXIe siècle.
Après le village de Souillac, en direction de l’ouest, le paysage devient plus attendu. Depuis le cimetière de Riambel, magnifiquement situé à l’embouchure occidentale de la Savanne, où se trouve la villa Riambelle, les belles plages de Riambel et de Pomponette s’étendent sur plus de quatre kilomètres, suivies de la non moins belle plage de Saint-Félix sur plus d’un kilomètre. Il s’agit de la plus longue succession de plages de l’île. La particularité de la lagune de Riambel est sa faible profondeur, à tel point que lors des marées basses, de nombreux pêcheurs parcourent la lagune à la recherche de poulpes et de coquillages, donnant parfois l’impression de marcher sur l’eau.
Bien que la mer, même à marée basse, reste omniprésente le long de cette route côtière, après Saint-Félix, le point culminant se situe du côté de la terre. C’est là que commence le domaine de Bel Ombre, avec son paysage vallonné et les possibilités de randonnées offertes par le conglomérat propriétaire du domaine. Laissant aux amateurs de mécanique les circuits en quad, buggy ou 4X4 dans la réserve de Frederica, les vrais amoureux de la nature seront ravis de participer aux randonnées / pique-niques au pied de la « Cascade des 500 pieds » ou mieux, au cœur de la « Biosphère de l’UNESCO ».
Biosphère de l’UNESCO
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Bel Ombre est également un village côtier et la route donne de nombreux aperçus du caractère mauricien typique. Terminant cette route en beauté, l’anse de Macondé en préambule à l’apparition de la majestueuse montagne du Morne et de sa péninsule qui marque l’extrémité sud-ouest de l’île Maurice.
Avec un peu de curiosité, la région / côte sud compte plus de bonnes tables dignes d’une halte qu’il n’y paraît à première vue et le choix est assez éclectique.
Dans la gamme des restaurants typiques, si le « Bus-Snack » de Bel Ombre s’est fait un nom, c’est plus pour son originalité que pour sa cuisine. Mais les selfies ne nourrissent pas l’homme.
Marylin’s – nom officiel : « La Roche Cari » – à Bel Ombre, conserve son authenticité ainsi que son charme et ses plats restent savoureux. Espérons qu’elle ne suive pas son idole de trop près ; la célébrité peut être préjudiciable si elle n’est pas gérée.
La Glace Italiana à Souillac – La petite terrasse en bord de route n’est pas représentative de la qualité des pizzas servies, qui sont tout à fait bonnes.
Dans la moyenne, deux bonnes adresses :
Station A à Bel Ombre – Belle terrasse avec vue sur la route et au-delà, installation très professionnelle, nourriture très décente.
Le St. Aubin – plus éloigné de la côte, vaut les 4 km qui le séparent de Souillac. Merveilleuse maison coloniale dans un beau jardin, le service est aussi accueillant qu’attentif et la cuisine, qui reste simple, propose quelques plats originaux comme la pizza au chutney de thé et surtout le délicieux « Kat-Kat » de manioc au marlin fumé, la spécialité de la maison. Prix très raisonnable. Au même endroit, la rhumerie St. Aubin peut être visitée avec dégustation de rhums et de liqueurs de rhum.
Une classe au-dessus, le
Heritage Golf Club
à Bel Ombre. Un environnement cossu avec une belle véranda donnant sur le terrain de golf. La cuisine est plus continentale, à la manière d’un hôtel. Il est recommandé de réserver à l’avance.
Toujours à Bel Ombre mais dans un cadre très différent, le C-Beach club est, comme son nom l’indique, un club de plage, ouvert au public, où l’entrée est payante. Le droit d’entrée donne droit à des boissons gratuites et à l’accès au hangar à bateaux où il est possible de louer des bateaux non motorisés et du matériel de kitesurf. – École de cerfs-volants sur place. – Une piscine et des tables réparties sur un grand espace permettent de prendre des repas conviviaux dans une ambiance estivale. Il est recommandé de réserver à l’avance.
Enfin, la côte sud a son restaurant gastronomique. Dans le cadre sublime du «
Château de Bel Ombre
« pour déjeuner ou dîner, laissez-vous aller dans ce cadre époustouflant, au raffinement et au bon goût.
Villa Riambelle
s’ouvrant sur la longue plage de Riambel. Hébergement pour 10 personnes dans 5 chambres et 5 salles de bains.
Kaz’Alala
– Voisin du Château de Bel Ombre, à proximité du terrain de golf – Une combinaison bien pensée de maisons d’hôtes, de logements indépendants et de chambres d’hôtes avec restaurant sur place.
Château de Bel Ombr
e – Une grande suite de luxe pour deux personnes, au premier étage du château.
